Lettre d’info — L’Été 2024 en Bref
Que s’est-il passé cet été aux Structures Sonores Baschet ?
Édito Eté 24 ! On est restés chauds ces mois ci et pleins de résonances…
On se donne rendez vous pour une fin d’été et une rentrée pleine de nouvelles occasions de vibrer avec vous.
Bonne lecture de cette brève d’été.
Ce 31 AOÛT: Concert “Au Centre du Son” à Saint Remy Lès Chevreuses
Premier concert à 14h30
Deuxième concert à 17h
Fondation Marta-Pan & André-Wogenscky,
80 avenue du Général Leclerc
Tout public, entrée libre
Durée : 40 min Un portail sonore sculpté par de grandes et petites structures Baschet, interprété par deux artistes. Le public est placé au cœur d’une installation d’étonnantes structures sonores métalliques et chatoyantes. Les sons directionnels transportent les auditeurs dans une aventure immersive, avant qu’ils ne puissent découvrir de près ces objets magiques et leurs sons envoûtants. À la clôture du spectacle, pour le public, c’est alors le moment de jouer avec ces structures et d’explorer le monde fascinant du son expérimental !
Toute l’année…
Une Histoire, Une oeuvre
Le premier rendez vous « Une histoire une Oeuvre » s’est déroulé à l’atelier de Saint Michel sur Orge le samedi 29 Juin. L’article au menu de cette soirée fut un article paru en mai 1968 dans la revue “Leonardo”, revue du MIT (Massachusetts Institut of Technologie). Bernard Baschet y présente la démarche et le cheminement de leur création commune avec François. Un exposé fort intéressant et brillant d’un artiste âgé de 51 ans à l’époque. Nous pouvons le faire parvenir aux adhérent.e.s qui nous en feront la demande. Rendez-vous à la rentrée pour la nouvelle saison.
Les Samedis MEI
C’est toujours le même menu : on joue !
Prochain rendez vous : ce dernier samedi d’août pour redémarrer une saison où comme à chaque samedi d’atelier de Musique Expérimentale et Improvisée, il y aura des découvertes, des rencontres et du son. Le lieu de Bernard Baschet est juste magique ! Les structures sonores qui y habitent y sont pour quelque chose … Et bien sûr avec tous ceux et celles qui se prêteront au jeu, la recette est infaillible ! La dernière édition du 29 juin nous l’a encore confirmé.
Samedi 31 Août, 14h à 17h
Pré-inscription : mediation@baschet.org
Projet phare !
<<Grigny, l’Été sonore >> Une invitation à la découverte des Structures Sonores Baschet
“Grigny, l’Été Sonore” est une œuvre participative et unique inaugurée le 26 juillet et clôturée le 10 août 2024 qui s’inscrit dans le cadre de la pédagogie du son, de la vulgarisation du pluviers sculptural, plastique et sonore de Bernard et François Baschet, ainsi que de la mise en lumière du double patrimoine architectural et sonore de l’Essonne, plus précisément à Grigny à 23km au sud de Paris. Selon Elisabeth de Roland, responsable de la Mission de l’Histoire locale et du Patrimoine de cette ville : “Grigny, est une ville pittoresque avec ses grands ensembles dont la Grande Borne cité jardin labellisée architecture remarquable contemporaine et son village rural niché à flanc de coteau surplombant le plus grand ensemble lacustre de la région parisienne”.
Les témoignages de ce beau voyage sonore d’été, rythmé par les rencontres avec les habitants, étaient imprégnés de l’esprit de jeu et de partage. Ainsi, nous avons déambulé avec le scintillant « Instrumentarium Pédagogique Baschet ». Pour ceux qui nous lisent pour la première fois, il s’agit d’un ensemble de 14 structures sonores proposant une palette sonore d’une centaine de timbres spécialement conçus pour tout public confondu.
Le parcours de ce projet a démontré la force de la transversalité du réseau collectif du territoire à toutes les échelles. Les jeux sonores ont commencé grâce à l’accueil de la Maison de Quartier du Village Résidence « Le Parc des Aiglons », où une quarantaine d’enfants ont découvert les structures sonores. Ici comme dans les quartiers des Patios avec les enfants du centre de loisirs du Centaure, de la Maison de quartier des Tuileries, du centre social Pablo Picasso et des trois crèches rattachées à la Maison de la Petite Enfance de Grigny, les publics les plus jeunes, parfois en compagnie de leurs parents, et les publics adultes ont de nouveau répondu à l’appel Baschet, à l’expérimentation sonore par soi, en plongeant dans la situation éphémère pourtant puissante du corps collectif.
Puis notre proposition de concert-performance « Au Centre du Son » au Centre de la Vie Sociale (CVS), à l’Église Saint-Sulpice et au Lavoir de Grigny a mis en valeur l’expertise Baschet de deux artistes lors d’une manifestation d’environ une heure, suivie de la participation du public qui a pu jouer avec les grandes sculptures sonores, le Cristal et la percussion nommée Zagreb. Le choix de ces lieux emblématiques du patrimoine culturel de Grigny, avec leur caractère plus ou moins marqué d’isolement, pousse le public vers des espaces moins fréquentés, loin des activités quotidiennes, et vers des espaces d’intimité sonore. Dans cet environnement, la Mission Patrimoine a partagé une belle introduction historique, prélude au voyage sonore qui se déroule dans un espace acoustique non pas conçu pour faciliter la compréhension des sons des sculptures sonores, mais finalement bien adapté à l’expérience sensible et culturelle induite par cette invitation d’été.
Nous tenons également à remercier la Ville de Grigny – 91, la Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France – Ministère de la Culture, les responsables des Maisons de Quartier, les habitants locaux, les ami.e.s du quartier, ainsi que l’équipe de la Maison de Patrimoine : Élisabeth De Roland, responsable de la mission municipale d’histoire locale et du patrimoine, Apolline Madaschi et Emelyne Destrat et chez nous : les artistes-pédagogues, Justin Beauval et Clément Bovalo. Julia Lebec-Pedrini, Stagiaire en communication,Patricia Menjura, Chargée de développement, Pierre Cuffini, président de l’Association, Brigitte Touillier, administratrice.
Enfin, pour cette première édition, nous avons invité Silvia Marzorati, artiste plasticienne qui a su accueillir les ressentis des publics grâce à la technique de l’aquarelle. C’est avec cette matière que nous dessinons notre cahier sonore de l’été culturel ! Nous le publierons en ligne sur notre site web ! Ne le loupez pas et à une prochaine rencontre d’exploration sonore !
Création contemporaine
Concert pour l’EMS: performance du groupe Souffle Collectif à l’Institut Suédois
Le 6 juin dernier, les Structures Sonores Baschet ont pris part à un voyage sonore, visionnaire et utopique, dans le cadre de l’EMS (l’Elektronmusikstudion). C’est dans le beau jardin de l’Institut Suédois de Paris que le scintillant Cristal Baschet a transporté les curieux et curieuses venues assité•es à une performance hors du commun.
Aux côtés de l’orchestre de pratique sonore, New Atlantis, et Souffle collectif, ce concert a été une véritable expérience sonore, légère et magique. Fondé par les artistes et compositeurs Nicolas Becker, Tarek Atoui et Quentin Sirjacq, le collectif New Atlantis est un authentique laboratoire de création alliant musicien•nes, artistes, chercheur•ses et fabricant•es d’instruments. Souffle collectif, quant à lui, est une compagnie fondée par Julien Colardelle, dédiée à l’invention et l’expérimentation de formes collectives, puisant dans le dialogue entre arts de la scène, musiques anciennes, improvisées et de créations.
Ensemble, et au gré des puissantes sonorités du Cristal, ils nous ont fait plonger dans un univers sonore exceptionnel tout en laissant libre court à notre imagination. De beaux souvenirs !
Keys To Canon Shifts: une création de Vittoria Quartararo à l’Institut Goethe
Retrouvez le témoignage de la formidable pianiste Vittoria Quartararo avec qui nous avons eu le plaisir de collaborer!
L’artiste est boursière à la Cité internationale des arts.
Elle vit actuellement entre Paris et Cologne et poursuit sa carrière polyvalente de soliste, enseignante, pianiste collaboratrice, chercheuse artistique et créatrice de projets transdisciplinaires. En outre, elle est représentante de la Kölner Initiative Musiktheater (KIM) et de l’Initiative Freie Musik e.V. et engagée dans la politique culturelle dans le cadre du Netzwerk Freies Musiktheater.
Comment ce projet a-t-il été mis en place ?
Je voulais développer un projet autour de l’idée du « clavier », mais avec des instruments très différents. Je suis fascinée par la coexistence multiforme de timbres, d’esthétiques sonores et visuelles et de modes techniques et finalement, le projet a intégré le piano, l’orgue et le Cristal Baschet.
Dans ces instruments, l’organisation des sons – c’est-à-dire le tempérament de base – qui caractérise la fonction des touches, la structure organique et le mécanisme de production du son est tout à fait différente. Je voulais franchir (et d’abord vraiment connaître) les limites de mon instrument principal – le piano – dans un parcours inversé, qui part de l’extérieur, donc d’instruments qui sont ses complices et ses alliés, mais qui lui sont finalement totalement étrangers.
La motivation du projet était certainement de nature intérieure : dépasser les frontières mentales qui influencent toujours la perception du son et la créativité musicale, apprendre « à partir de zéro » comment émettre et organiser des sons sur des instruments qui me sont inconnus. Le projet est né de la simplicité et de l’ouverture créative qui permet de ne pas anticiper un résultat déterminé ou d’avoir des attentes fixes et qui encourage à mieux percevoir à l’intérieur et à l’extérieur.
Quelle a été votre démarche artistique, de création ?
Le recherche pour KEYS TO CANON SHIFTS est partie d’une réflexion sur les règles, les principes et les canons selon lesquels on vit. J’ai ensuite pris le temps de réfléchir et de me documenter en lisant des livres consacrés au sujet d’un point de vue historico-philosophique. La lecture de l’ouvrage de Lorraine Daston intitulé « Rules » a été fondamentale, par exemple. Mais après m’être rempli la tête de concepts, j’ai laissé l’expérience guider le projet à tous égards. C’était une décision radicale, non seulement en termes d’intentions, mais aussi pour tous les aspects pratiques qui matérialisent un projet jusqu’à sa présentation. Jusqu’à deux semaines avant l’événement, la dramaturgie et le programme musical étaient dans un état d’indétermination et d’ouverture qui, pour moi (musicien de formation classique, attention!), était radical et difficile à gérer – ma très important ! Afin de permettre aux idées de prendre forme progressivement, j’ai souvent enregistré des sons et des pensées sur le trajet Sans Michel Notre Dame / Saint Michel Sur Orge, et j’ai consigné dans un carnet les pensées et les sentiments liés aux circonstances que je vivais. Le résultat est très personnel – paradoxalement, quand il s’agit de principes et de règles, on ne peut que rester sur le plan privé du choix, du contexte spécifique et de l’interprétation de tout ceci.
Connaissiez-vous les Structures Sonores Bachet avant cet événement ?
Oui. Il y a quelques années, j’ai assisté à un magnifique concert à la Philharmonie de Cologne dans le cadre du festival de musique contemporaine “Acht Brücken”. Il s’agissait d’un concert exceptionnel pour un Trio pour percussion, violoncelle et électronique accompagné d’un orchestre. Pour sa pièce, le compositeur Luis Antunes Pena avait inclus un instrument de la collection Baschet, qui m’a beaucoup impressionné par sa forme, sa couleur, sa taille et ses différents timbres..
Si l’occasion se présente (et pour moi c’était naturel, connaissant l’un des musiciens depuis mon enfance), il est souvent important de rester après les concerts, pour prendre un verre ou un repas avec les artistes et les collaborateurs, car c’est là que la conversation s’engage et avec elle de nouvelles idées naissent… Dans le groupe, j’ai pu discuter librement avec Fabio Pezzino et Justin Beauval de Structures Sonores Baschet, qui m’ont parlé du monde Baschet avec enthousiasme et convivialité. Une rencontre décisive, à bien des égards inoubliable. Merci encore !
Quel a été votre ressentir lors de vos répétions à la Grange, l’atelier mythique de Bernard Baschet ?
Un lieu magique, un véritable chantier d’idées et d’expérimentations. Le sens de finesse et de simplicité, de beauté et de matérialité, se rencontrent à La Grange avec tout le naturel des plantes qui l’entourent. Traverser la porte vitrée un peu grinçante, ça a été toujours comme entrer dans une autre dimension : la présence de les structures sonores un peu partout invite djá à une écoute plus intense, je dirais à une autre posture humaine, plus “décentralisée” et très fascinante ( ne faut-il pas que l’écoute ait toujours à voir avec ce qui est « hors de soi » ? )
Mais c’était aussi un lieu d’échange amical, de jeu et de découverte – tout simplement.
En tant que pianiste, comment avez-vous appréhendé de jouer avec le Cristal Baschet ?
Intimidée et déconcertée au début, plutôt fière et libre après. C’était une formation à l’envers : ne pas penser, ne pas anticiper et ne pas cataloguer méticuleusement, mais suivre l’élan instinctif qui précède l’action de jouer de l’instrument. Le piano de toute manière est un instrument extrêmement technique et peu corporel, très mental, abstrait, presque cérébral. Le Cristal, c’est l’inverse. C’est une relation de corps à corps. Les doigts mouillés frottent, tapotent, pincent partout… Il n’y a pas de règles, car l’instrument ne suit pas toujours l’intention, mais décide un peu pour lui-même. Il s’agit donc d’une véritable relation, où l’on peut proposer et recevoir une réponse différente de celle que l’on avait en tête. On prend des chemins différents, tout le temps, et tout cela sans plan préétabli, mais en fonction du moment acoustique.
En tant que compositrice, comment avez-vous intégré la mise à disposition du Cristal ?
Je ne peux pas me considérer comme une compositrice, sauf dans le sens où je « compose » des performances avec un format mixte (musique-théâtre) où donc un aspect compositionnel existe réellement. Le projet que j’ai présenté a pris la forme d’un concert sur scène comportant des éléments non musicaux, provenant principalement du théâtre, avec texte, vidéos et chant. La présence de Cristal sur scène a donc joué un double rôle, en préparant la performance d’un point de vue scénographique. Les performances que je propose restent abstraites – c’est pourquoi elles sont conçues comme des concerts pour moi. Mais il y a une histoire, celle de quelqu’un qui se trouve en dehors du périmètre des règles établies et qui réfléchit à l’espace entre liberté et contrôle, sens du risque et désir de recueillement. Le Cristal a occupé et incarné cet espace particulier.
Si la question concerne plutôt l’aspect purement musical, la compositrice a un nom, et ce n’est pas le mien – Silvia Borzelli est venue quelques semaines après ma performance et nous avons enregistré quelques sons, ensemble, tout en jouant, qui feront partie d’une nouvelle pièce à l’avenir, écrite par elle et en partie conçue par moi. Une œuvre pour piano, électronique et sons de cristal née d’une collaboration “à quatre mains” – pourquoi pas ?
Avez-vous rencontré des défis avec cette structure (intégrer ses sonorités fortes et particulières par exemple ?)
Bien sûr, il y a toujours des défis – et cela concerne tous les instruments. Le Cristal est un instrument qui ne se laisse pas forcer la main. Sa fragilité n’est pas due à des lacunes techniques. Je pense plutôt qu’il y a un avertissement derrière l’imprévisibilité fondamentale qui caractérise l’instrument : rester fluide, rester suspendu… c’est là que la vie se fait entendre, c’est là que la musique trouve l’espace pour se développer. Ça a peut-être été une belle leçon de résilience – moi, je suis épuisée à exiger toujours plus d’eux-mêmes et de l’instrument, parfois de manière un peu névrotique. D’après mon expérience, sur le Cristal, il ne faut pas exiger, mais jouer ensemble – sinon le son ne vient pas, l’improvisation devient sèche et tout se bloque…
Avez-vous ressenti des sentiments particuliers lors de votre concert ?
Réconcilier l’improvisation libre avec le répertoire classique sur différents instruments, en passant par des monologues de théâtre, des chants et des projections vidéo, a été une sensation forte dans laquelle je me suis sentie authentique dans mes intentions artistiques. Le sentiment le plus spécial a été d’entendre les voix du public qui, vers la fin de la représentation, sont venues s’ajouter au canon que j’avais commencé seule sur scène. Un moment très humain de force et de fragilité en même temps.
Y a-t-il des associations, lieux musicaux auxquels vous vous êtes associée, que vous voudriez mettre en avant ?
En Allemagne, je suis cofondatrice de l’association Netzwerk Freies Musiktheather, qui encourage les activités transdisciplinaires d’individus et d’ensembles au niveau national. C’est un réseau qui s’étend dans tout le pays et qui vise à améliorer le dialogue entre les institutions, les artistes et le financement de productions dans lesquelles les disciplines artistiques fusionnent, transcendant ainsi les limites souvent fixées par les structures de financement et les institutions elles-mêmes. Une fois de plus, il s’agit de « plier les règles » au contexte d’un monde en mutation, de remettre en question la façon dont nous concevons les arts du spectacle et leur dialogue constant, de mettre en lumière les besoins artistiques actuels de tous les artistes qui ne se sentent pas représentés par l’une des scènes officielles proposées séparément, mais qui tendent à circuler librement à travers celles-ci, conjointement.